La salle des maitres scénarisée : l’écriture dramatique collaborative au service de la construction de l’identité professionnelle
Axe 1: Trajectoires de développement professionnel

Article publié le

Responsable: Sophie Korol
Participantes: Stéphanie de Diesbach-Dolder, Juliana Nunes
Partenaires de terrain: deux classes d’étudiant·e·s francophones de 3FI
Période : 2022-2024
Financement : HEP|PH FR

 

Appartenant aux coulisses des établissements scolaires, la salle des maitres est un espace où de nombreuses questions du métier sont tantôt exposées, tantôt passées sous silence. Elle est également un milieu où de fins jeux de pouvoir découlent de la hiérarchisation du corps éducatif. Or, « celui qui s’ingénie à s’allier les bonnes grâces de collègues opposés à ses convictions va (…) devoir accepter l’ambiguïté et la tension entre ce qu’il défend et l’acceptation de pratiques et pensées qui sont contraires à ses propres orientations » (Gremion-Bucher, 2012 : 176).

Partant des tensions entre identisation et identification dans les trajectoires professionnelles, nous nous demanderons dans quelle mesure le recours à l’écriture dramatique collective pour transposer les situations vécues en salles des maitres devient un outil de développement de l’identité professionnelle au sein de la formation initiale à l’enseignement. Accueillis dans un théâtre, les étudiant·e·s de 3FI s’affairent, durant une heure, à l’écriture collective d’une saynète ayant pour sujet et décor « la salle des maitres » puis jouent leur scène face à un public de pairs. Parce qu’« un point de vue cynique sur les représentations de la vie quotidienne peut fort bien être aussi partial que le point de vue adopté par l’acteur » (Goffman, 2021 : 67), l’exercice d’écriture se fait dans le registre satirique. Les échanges autour de cette production écrite sont enregistrés, transcrits et analysés pour répondre aux questions suivantes : quels sont les discours produits sur les évènements observés en salle des maitres ? Comment les situations vécues durant leur stage sont-elles sélectionnées et réutilisées par les étudiant·e·s ? Quels impacts réflexifs les recours à la satire ou à la caricature, développées dans ce décor imposé, permettent-ils ? Dans quelle mesure mettent-ils en lumière les différentes identités en jeu, qu’elles soient construites ou assignées ?

 

Références
Coste, S. (2016). Trajectoires sociales, sentiment de satisfaction et d’efficacité : l’épanouissement dans le travail enseignant en question. In L. Ria (Ed.), Former les enseignants au XXIe siècle (pp.28-44). Bruxelles, Belgique : De Boeck.
Perez-Roux, T. (2016). Transitions professionnelles et transactions identitaires : expériences, épreuves, ouverture. Revue Pensée plurielle, n°41, 81-93.
Goffman, E. (2021). La mise en scène de la vie quotidienne. Paris, France : Les Éditions de Minuit.
Gremion, L., Granger, N., et Gremion, F. (2020). « Salle des maitres », un effet négligé dans la transformation des pratiques. Spirale, 65(1), 171-181.
Tillier, B. (2012). La caricature : une esthétique comique de l’altération, entre imitation et déformation, Esthétique du rire (pp.259-275). Nanterre, France : Presses universitaires de Paris Nanterre.