Transferabil-IT
Axe 2) éducation par le numérique

Responsable(s) : Lionel Alvarez
Participant·e·s : Mathieu Payn
Financement : HEP|PH FR
Période : 2021-2023
Faire usage de technologies numériques à l’école passe évidemment par des interfaces, ordinateurs ou tablettes par exemple, qui embarquent des contraintes informatiques (matérielles et logicielles) explicitement teintées d’une vision politique (Selwyn, 2022). Lessig (1999) l’affirmait déjà, le code régule, il donne des contraintes. Les environnements numériques en éducation sont donc possiblement accompagnés d’une réduction de la liberté pédagogique (Collin, et al., 2022) laissée aux enseignant·e·s. À noter, selon les choix informatiques opérés, c’est l’élargissement du champ des possibles qui est à l’œuvre.
C’est ainsi que l’on retrouve des logiques de productivité et fonctionnalités spécifiquement professionnelles dans des environnements numériques d’apprentissage (ENA). Tout autant problématique est l’implémentation à l’École de moyens de contrôle et de surveillance des comportements d’usage par les acteurs d’une économie numérique (Han, 2022). Les intérêts commerciaux des fournisseurs numériques sont codés dans leurs produits et révélés par leur conception d’interaction (Ertzscheid, 2017 ; Geronimo et al., 2020). À l’opposé des valeurs d’autonomie individuelle prônée par l’éducation, elles mettent en question la souveraineté étatique (Ghernaouti, 2022).
Des tentatives de mise en correspondance entre les usages scolaires et les « invariants » d’un ENA existent (Vandeput, 2012), mais les recherches sont plutôt concentrées sur l’implémentation et l’usage des technologies en éducation (Collin et al., 2022). La nouveauté méthodologique du projet Transferabil-IT consiste à épouser les concepts et standards développés par l’industrie numérique dans la conception de logiciels, de leurs interfaces et interactions, puis adapter les méthodes au terrain de l’école obligatoire et post-obligatoire. Ainsi la transférabilité de compétences numériques est mesurée par la norme d’utilisabilité (ISO/TC 159, 2018) dont les trois dimensions sont le flow, l’efficience et l’efficacité. Si cette dernière rend compte du temps et du nombre de médiations nécessaires pour la réalisation de tâches bureautiques, la deuxième indique si l’ENA et ses ressources matérielles limitent les activités humaines. Finalement le flow (Heutte et al., 2016) est une adaptation du critère de satisfaction de l’utilisateurice. La reprise du concept d’utilisabilité dans une recherche en pédagogie rattache les savoirs et enjeux pédagogiques à une réalité industrielle et dénote une approche pluridisciplinaire.